Econome
Econome s’occupe de la distribution sur le dernier kilomètre de produits utilitaires domestiques, tels que des installations d’éclairage solaire, de cuisson propre et de stockage de grains, à des foyers ruraux kényans. L’entreprise offre ainsi des possibilités de revenu à des revendeuses.
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Linda Wamune, fondatrice et directrice générale d’Econome Kenya. Quand j’ai lancé l’entreprise, je faisais de la distribution au dernier kilomètre dans le secteur de l’énergie propre depuis plus de dix ans. Les clients n’arrêtaient pas de me demander ce que je pouvais leur fournir d’autre.
Pouvez-vous également décrire Econome en quelques mots ?
J’ai fondé Econome fin 2018. Nous nous occupons de la livraison sur le dernier kilomètre de produits utilitaires pour la maison, tels que des installations d’éclairage solaire, de cuisson propre et de stockage de grains, aux foyers ruraux au Kenya. Nous créons ainsi des possibilités de revenu pour des revendeuses. Notre mission consiste à devenir un partenaire de confiance offrant un accès facile à une variété de biens utilitaires domestiques abordables et de qualité en zone rurale.
Quelle valeur particulière créez-vous pour les consommateur·rice·s ?
Nous offrons des produits de qualité à des prix abordables, avec des conditions de paiement flexibles. Basés en zone rurale, nous vendons une variété de produits, à proximité des consommateur·rice·s. Cela nous permet de créer un climat de confiance et d’aider les client·e·s en cas de problème avec les produits. Pour Econome, il est crucial d’être ancrée localement. Il existe des alternatives à notre service, mais elles présentent différents inconvénients. Les produits proposés par les points de vente au détail locaux sont souvent de mauvaise qualité, tandis que les distributeurs spécialisés exigent d’être payés à l’avance et se concentrent sur une seule gamme de produits.
Comment mesurez-vous l’impact que vous avez ?
Nous disons que nos produits permettent aux consommateur·rice·s de gagner du temps et d'économiser de l’argent. Par exemple, un foyer de cuisson efficace prend moins de temps à chauffer et économise du combustible coûteux. Nous utilisons donc trois grands indicateurs : le nombre d’heures économisées grâce à notre produit, l’argent économisé et le nombre de personnes touchées, que nous calculons en fonction du nombre de produits vendus.
Combien de personnes touchez-vous ?
À ce jour, nous avons vendu environ 9 000 produits qui ont bénéficié à 40 000 personnes. D’après nos estimations, les client·e·s ont économisé 918 000 dollars et 551 000 heures ces deux dernières années en utilisant nos produits.
Qu’est-ce qui rend votre modèle d’affaires commercialement viable ?
En 2019 et 2020, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 150 000 dollars. Nous devions atteindre l’équilibre cette année, mais la pandémie nous en a empêchés. Les foyers ruraux du Kenya ont vu leurs revenus baisser et ont dû se concentrer sur l’alimentation en mettant de côté les biens durables. Cela a eu un impact sur nos performances.
Aujourd’hui, nous avons pour objectif de générer un revenu d’au moins un million de dollars dans cinq ans. Nous avons réuni toutes les conditions nécessaires : un système de vente de groupe efficace, une super équipe et une politique rentable en matière de ressources humaines qui fait appel à des capacités locales. L’objectif est maintenant d’augmenter le volume de vente tout en surveillant les coûts. Nos produits coûtent en moyenne 25 dollars. Avec un objectif de marge brute de 35 %, nous devons vendre 875 unités par mois pour atteindre l’équilibre.
Le marché que nous desservons est immense, l’objectif est donc réaliste. 70 % de la population du Kenya vit en zone rurale. Elle représente un marché de 2,4 milliards de dollars. Nous prévoyons d’engranger 2,7 millions de dollars sur les trois prochaines années. Ensuite, nous essayerons de nous étendre dans la région. Selon le rapport Potentiel du marché de la grande consommation en Afrique, les foyers africains dépensent 20 milliards de dollars par an pour acheter des biens utilitaires domestiques.
Comment allez-vous développer le rayonnement de votre entreprise ?
Nous avons commencé à mettre davantage l’accent sur les femmes et les jeunes. Pour cela, nous expérimentons un modèle numérique de vente de groupe, que nous avons développé en réponse à la pandémie de Covid-19. Il est plus rentable de traiter avec des groupes qu’avec des client·e·s individuel·le·s et la transition vers Internet devrait renforcer notre résilience.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce modèle numérique de vente de groupe ?
Nous avons développé une application mobile pour numériser à la fois les prêts et les ventes de groupe. L’algorithme de l’application calcule la solvabilité des membres du groupe. Ces derniers peuvent ensuite sélectionner des produits et déposer une demande de prêt. En décembre, nous avons remporté un prix décerné par Global Distributors Collective (GDC) qui nous aidera à financer l’opération pilote.
De quel genre d’investissement avez-vous besoin pour concrétiser vos plans de développement à grande échelle ?
Nous recherchons principalement un mélange de sources de capitaux pour éviter de prendre des crédits onéreux. Les investissements en capitaux propres sont difficiles à trouver pour les petites entreprises locales mais seraient très appréciés également. Nous aimerions également coopérer avec des entreprises plus importantes via leurs initiatives de RSE. Notre objectif est de lever 200 000 dollars en deux ans.
En dehors de la pandémie, quelles difficultés Econome a-t-elle dû surmonter ?
Notre plus grande difficulté est le manque de fonds et j’ai dû mettre largement la main à la poche, mais je sais que nos clients et nos revendeuses dépendent d’Econome, donc je ne peux pas les laisser tomber.
Il n’est pas non plus facile d’atteindre nos client·e·s. La distribution au dernier kilomètre est onéreuse et compliquée sur le plan logistique. Pour maintenir les prix au plus bas pour les consommateur·rice·s, nous autorisons les revendeuses à commander en vrac. Nous aimerions aussi nous lancer dans l’achat en ligne pour rendre le processus encore plus efficace. En outre, nombre de client·e·s ne possèdent pas suffisamment de connaissances sur nos produits. Nous allons donc développer des vidéos d’explication, qui sont plus efficaces que les démonstrations ponctuelles sur site.
Quelles recommandations avez-vous à offrir à d’autres dirigeant·e·s d’entreprises inclusives ?
La plus grosse difficulté est d’accéder aux financements, particulièrement pour les entreprises locales. Pour vous lancer, vous devez avoir votre propre argent. La création d’une entreprise inclusive est un grand sacrifice. Vous devez savoir que le parcours va être rude. Je vous conseille donc d’attacher votre ceinture et de vous préparer aux turbulences. Absorbez les chocs, tirez-en des enseignements et persévérez. Une fois que vous avez votre vision, construisez-la peu à peu et n’abandonnez pas.
Les récits à impact sont produits par le réseau iBAN (Inclusive Business Action Network). Ils sont créés en étroite collaboration avec les entrepreneur·e·s et les équipes mentionné·e·s. La production de ce récit à impact a été dirigée par Susann Tischendorf (concept), Hong Anh Dao (vidéo), Katharina Münster (texte et infographies), Christopher Malapitan / Lena Jukna (illustrations) et Alexandra Harris (édition). La musique est libre de droits. Les photographies sont fournies par Econome.
Mise à jour : 05/2021.