Empower Pragati
Empower Pragati œuvre dans le secteur de la formation professionnelle dans le but de « transformer les vies, renforcer les compétences de l’Inde ». L’entreprise offre une formation professionnelle à des jeunes issus de milieux défavorisés et les aide à trouver un emploi sûr ou à créer leur propre entreprise.
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Rajiv : je m’appelle Rajiv Sharma. J’ai fondé Empower Pragati il y a dix ans.
Pritha : je m’appelle Pritha Dutt et je suis directrice et administratrice d’Empower Pragati. Je supervise les ressources humaines, la formation, le marketing et la conception de projet.
Mohtashim : je m’appelle Mohtashim Khan et je suis vice-président adjoint d’Empower Pragati. Je suis responsable de la division chargée des rapports avec le gouvernement.
Mrinal : je m’appelle Mrinal Kant. En tant que vice-président adjoint d’Empower Pragati, j’ai lancé une nouvelle division axée sur les formations autofinancées par les étudiant·e·s.
Pour commencer, pouvez-vous présenter Empower Pragati en quelques mots ?
Pritha : nous gérons une entreprise sociale axée sur la formation professionnelle. Notre mission consiste à « transformer des vies, renforcer les compétences de l’Inde ». Nous offrons une formation professionnelle à des jeunes issus de milieux défavorisés, puis nous les aidons à trouver un emploi sûr ou à créer leur propre entreprise.
Mohtashim : dès l’inscription, nous nous assurons que les candidat·e·s s’impliquent dans la recherche d’un emploi après leur formation. Ces étudiant·e·s bénéficient d’un accompagnement permanent, d’une formation et, dans certains cas, d’un hébergement pendant la formation, le tout gratuitement. À la fin, il·elle·s sont certifié·e·s par le conseil des qualifications sectorielles et reçoivent des offres pour des emplois au premier échelon. Les ancien·ne·s élèves peuvent également appeler nos téléconseillers pour obtenir de l’aide. Notre objectif est qu’il·elle·s conservent leur emploi pendant au moins six mois.
Mrinal : nous proposons également des remises à niveau pour les travailleur·euse·s du secteur informel. Par exemple, nous organisons des formations techniques et nous gérons une hotline pour les dépanneurs. Nous les aidons à se constituer en réseau afin d’accroître leur pouvoir de négociation. Ces formations sont généralement payantes.
Quelle valeur particulière créez-vous pour les femmes ?
Pritha : les femmes des communautés à faible revenu sont confrontées à un double défi. D’une part, elles ne disposent d’aucune possibilité d’éducation ou de choix de carrière. D’autre part, leurs choix de vie sont souvent décidés par les membres masculins de la famille. Nous offrons donc davantage d’accompagnement et de mentorat aux femmes, particulièrement à celles issues de communautés à faible revenu. Nous organisons également des programmes réservés aux femmes avec des modules sur la sensibilité au genre et sur une meilleure connaissance de la loi et des droits des femmes. Nous avons récemment lancé une formation sur l’entrepreneuriat féminin. Globalement, 33 % de nos étudiant·e·s sont des femmes. Nous voulons atteindre un taux de 40 % dans les années à venir.
Combien de personnes touchez-vous ?
Mohtashim : depuis 2010, nous avons formé 450 000 étudiant·e·s. Nous gérons 58 centres de formation professionnelle et nous proposons des cours dans plus de 1 000 établissements publics en Inde.
Quels autres liens entretenez-vous avec le monde de la formation professionnelle ?
Pritha : quand Rajiv a créé Empower Pragati, le secteur de la formation professionnelle était pratiquement inexistant. Nous avons été parmi les premiers partenaires de la National Skill Development Corporation, une entité publique indienne qui promeut le développement des compétences pour les jeunes du « bas de la pyramide ».
Rajiv : j’aide d’autres acteurs qui veulent trouver leur place dans ce secteur. Au lieu de leur faire concurrence, j’ai décidé de collaborer avec d’autres entrepreneur·e·s et de les aider. Nous avons les mêmes objectifs.
Pritha : nous sommes également membres fondateurs de l’Alliance of Skill Training Partners (ASTP), un organisme national agréé. De manière générale, nous nous impliquons beaucoup dans des actions de plaidoyer, avec des recommandations au niveau politique et des partenariats avec le gouvernement et l’industrie pour améliorer la qualité et l’attractivité de la formation professionnelle en Inde. Nous sommes particulièrement fiers de notre travail en faveur des employé·e·s de maison qui formaient un secteur totalement désorganisé il y a dix ans. Le secteur possède dorénavant son propre conseil des qualifications sectorielles (nous faisons partie de ses membres fondateurs et Rajiv siège au conseil d’administration), un mandat gouvernemental régit leurs salaires et des formations ont été intégrées au cadre national des qualifications. Cette avancée marque notre contribution durable.
Mohtashim : nous collaborons également avec des partenaires internationaux. En 2013, nous sommes devenus la première entreprise sociale à établir un partenariat avec BCtA en Inde.
Comment ces formations sont-elles financées ?
Mohtashim : le gouvernement central et les gouvernements régionaux du pays financent la plupart de nos formations. Nous gérons également des projets de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et nous proposons des formations payantes que les étudiant·e·s financent eux-mêmes. D’autres formations sont financées par des employeurs qui ont besoin de main-d’œuvre qualifiée.
Qu’est-ce qui rend votre modèle d’affaires commercialement viable ?
Rajiv : nous utilisons un modèle économique. Par exemple, nous embauchons de jeunes diplômé·e·s comme stagiaires et nous les formons nous-mêmes. Notre structure est agile et nous l’adaptons chaque année à l’évolution des conditions.
Mohtashim : nous desservons un marché très important et en pleine croissance. En 2017, l’Inde comptait 1,3 milliard d’habitants, dont un tiers de jeunes. Le gouvernement indien a réalisé combien il était important de les former et a l’intention d’investir davantage dans ce secteur. De leur côté, les entreprises privées ont consacré 326 millions de dollars à des activités de RSE liées à l’éducation en 2017. Le marché de l’éducation en ligne, quant à lui, devrait atteindre 978 millions de dollars en Inde en 2021.
Quels sont vos objectifs pour les dix années à venir ?
Pritha : notre ambition est de former 2 millions de jeunes. Ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport aux 500 millions de jeunes qui ont besoin d’un emploi et d’une formation dans le pays. « g »
Rajiv : nous voulons également favoriser l’entrepreneuriat local pour tenter de lutter contre l’exode rural. Nous offrirons un soutien supplémentaire à certain·e·s étudiant·e·s et nous leur faciliterons l’accès à un prêt. Notre objectif est de donner naissance à 40 à 50 microentreprises par an dans chacun de nos 58 centres de formation.
Comment prévoyez-vous d’atteindre ces objectifs ?
Rajiv : au départ, nous avons mis l’accent sur la création de centres de formation. Nous nous efforçons maintenant d’institutionnaliser les processus. Nous développons également les offres de formation en ligne et hybride en créant notre propre système de gestion de la formation et notre propre modèle de formation en ligne.
Mrinal : pour réduire notre dépendance aux programmes financés par le gouvernement, nous allons augmenter le nombre de formations payantes, particulièrement en ligne. Nous souhaitons également ouvrir 80 à 85 centres de RSE en Inde au cours des cinq prochaines années.
Pourquoi pensez-vous que cela fonctionnera ?
Rajiv : nous avons fait nos preuves. Nous sommes devenus financièrement autonomes à peine deux ans après la création de l’entreprise. Ces sept dernières années, nous avons engrangé des bénéfices. Notre chiffre d’affaires augmente chaque année. Il est passé de 20 000 dollars environ en 2010/2011 à près de 10 millions de dollars en 2019/2020. Notre endettement est faible et nous n’avons jamais manqué une seule échéance de remboursement.
Quel genre de financement supplémentaire recherchez-vous ?
Rajiv : il va nous falloir cinq à dix millions de dollars sur les cinq prochaines années. Les investisseurs ne doivent pas chercher un simple rendement financier, mais s’intéresser à l’impact que nous avons.
Quelles difficultés Empower Pragati a-t-elle dû surmonter ?
Rajiv : beaucoup de difficultés. Les 10 dernières années, depuis que j’ai quitté mon emploi de haut niveau dans une entreprise, ont été les plus dures de ma carrière. Quand j’ai commencé, je croyais que tous les pauvres étaient malheureux et qu’ils se bousculeraient pour profiter des formations gratuites et des emplois que je proposais. J’ai dû revenir sur cette erreur de jugement, m’enquérir de leurs besoins, de leurs aspirations et des attentes des entreprises, trouver le meilleur moyen de mobiliser et d’accompagner les jeunes et les familles et embaucher des collaborateur·rice·s passionné·e·s, particulièrement des formateur·rice·s. Dans le même temps, il m’a fallu créer une entreprise durable et évolutive. Au départ, j’ai aussi eu du mal à faire en sorte que les étudiant·e·s conservent leurs emplois. Nous avons dû revoir nos formations, créer notre propre centre d’appel pour pouvoir mieux encadrer les anciens élèves et nouer des relations plus étroites et plus solides avec l’industrie. Je continue parce que je sais que chaque jour, nos formations transforment la vie de quelqu’un. C’est ma plus grande source d’inspiration. Chaque difficulté nous a rendus plus forts.
Que recommanderiez-vous à d’autres entreprises ?
Pritha : il faut prêcher par l’exemple. La mission est essentielle. Chaque personne que nous embauchons doit embrasser notre mission et nos valeurs fondamentales.
Rajiv : soyez transparent et faites preuve de flexibilité dans vos plans d’affaires. Ne soyez pas découragé par vos échecs, tirez-en des enseignements. Mettez l’accent sur la collaboration plutôt que sur la concurrence. Restez concentré sur l’impact que vous avez. Si vous restez fermement axé sur votre engagement, l’argent suivra.
Mrinal : il faut du temps pour établir une relation avec une communauté et avoir un impact durable. Soyez patient et donnez-vous trois à quatre ans.
Les récits à impact sont produits par le réseau iBAN (Inclusive Business Action Network). Ils sont créés en étroite collaboration avec les entrepreneur·e·s et les équipes mentionné·e·s. La production de ce récit à impact a été dirigée par Susann Tischendorf (concept), Hong Anh Dao (vidéo), Katharina Münster (texte et infographies), Christopher Malapitan / Lena Jukna (illustrations) et Alexandra Harris (édition). La musique est libre de droits. Les photographies sont fournies par Empower Pragati.
Mise à jour : 05/2021.