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LifeBank

LifeBank est une entreprise de logistique médicale active au Nigeria, au Kenya et en Éthiopie. Grâce à une plateforme technologique et à un modèle de subventions croisées, elle a permis de sauver, depuis 2016, 20 000 personnes, dont la majorité était issue de communautés à faible revenu.

L’ÉQUIPE

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Temie : je m’appelle Temie Giwa-Tubosun. J’ai créé LifeBank pour éviter que des femmes ne meurent d’hémorragie pendant leur accouchement.

Ayomide : je m’appelle Ayomide Otegbayo et je suis directrice de la communication de LifeBank.
 

100 employés
APPROCHE D’ENTREPRISE INCLUSIVE

À quel problème LifeBank s’attaque-t-elle ?

Temie : j’ai fondé LifeBank en 2016 pour aider les mères qui souffrent d’hémorragie post-partum. C’est une pathologie qui fait que les femmes continuent à saigner après l’accouchement. Au Nigeria, il s’agit de la principale cause de mortalité maternelle. Le pays est confronté à une pénurie de sang et les mauvaises infrastructures empêchent souvent de le livrer à temps sans rompre la chaîne du froid. En outre, les médecins ne savent souvent pas dans quelle banque du sang trouver le groupe sanguin dont ils ont besoin. LifeBank veut sauver ces femmes. Nous estimons que personne ne devrait mourir en donnant la vie.

Concrètement, que fait LifeBank ?

Ayomide : nous sauvons des vies en livrant des fournitures médicales telles que du sang, des médicaments, des vaccins et de l’oxygène partout au Nigeria, au Kenya et en Éthiopie. Nous avons commencé en mettant l’accent sur la livraison rapide de sang dans le but de faire baisser la mortalité maternelle due à l’hémorragie post-partum, puis nous sommes devenus une entreprise de logistique médicale.

Comment votre modèle d’affaires intègre-t-il les communautés à faible revenu ?

Temie : la majorité des hôpitaux que nous desservons soignent des patients issus de communautés à faible revenu. Nous utilisons un modèle de subventions croisées pour leur facturer des prix qu’ils peuvent payer. Nous avons également créé le Blood and Oxygen Access Trust (BOAT) pour financer des fournitures médicales pour les pauvres. 

Ayomide : nous créons également des opportunités économiques. Par exemple, nous employons des personnes issues des communautés locales pour transporter le sang jusqu’aux établissements qui en ont besoin.
 

fournitures medicales livrées
Impact

Quelle valeur particulière LifeBank crée-t-elle pour les patients ?
 

Temie : nous garantissons la disponibilité, le caractère abordable et l’accessibilité de fournitures médicales essentielles. Pour y parvenir, nous utilisons l’analyse de données, la logistique agile et le modèle de subventions croisées dont j’ai parlé tout à l’heure. En cas d’urgence, nous sommes disponibles 24h/24. Si vous nous appelez à deux heures du matin, nous ferons ce qu’il faut pour vous livrer ce dont vous avez besoin, quel que soit le lieu.

Comment utilisez-vous les données pour atteindre cet objectif ?

Temie : notre plateforme de données prévoit la demande des hôpitaux que nous desservons et enregistre l’offre des banques du sang. En équilibrant l’offre et la demande, nous faisons en sorte que les hôpitaux ne soient jamais à court de sang, de médicaments ou d’oxygène. Dans le même temps, les banques du sang n’ont plus besoin de jeter des poches de sang périmées uniquement parce que les médecins ne parviennent pas à les localiser. Nous utilisons également Google Maps pour calculer et suivre les trajets de livraison. Cela nous permet de nous assurer que la chaîne du froid ne sera pas interrompue et que la livraison du dernier kilomètre se fera en moins de 45 minutes.

Ayomide : nous avons également développé SmartBag, un produit basé sur la blockchain pour assurer le suivi des transfusions sanguines du donneur au receveur. Il permet aux hôpitaux de vérifier la sécurité des transfusions. Nous avons également développé une application pour simplifier les dons de sang. Nous restons confrontés à une pénurie au niveau de l’offre, il est donc important de motiver les donateurs.

Combien de personnes touchez-vous ?

Temie : nous desservons plus de 1 000 hôpitaux au Nigeria, au Kenya et en Éthiopie. Depuis que j’ai fondé LifeBank, nous avons livré plus de 45 400 unités de fournitures médicales essentielles et permis de sauver plus de 20 000 patients. Environ trois quarts de ces personnes étaient issues de communautés à faible revenu. Au Nigeria et au Kenya, nous avons également établi un réseau de 100 banques du sang et recruté environ 7 400 donneurs de sang. La croissance est au rendez-vous chaque année depuis 2016.

Ayomide : nous créons aussi des emplois. Rien qu’au Nigeria, nous employons plus d’une centaine de personnes au niveau administratif et sur les chaînes logistiques.
 

donneurs de sang
MODÈLE D’AFFAIRES INCLUSIF

Qu’est-ce qui rend votre modèle d’affaires financièrement viable ?

Temie : nous desservons un marché important. Le Nigeria possède environ 36 usines de production d’oxygène, mais nous sommes quand même confrontés à une pénurie au niveau de l’offre. Le problème est identique dans d’autres pays d’Afrique. Et nous n’avons pas encore commencé à creuser.

Ayomide : côté tarifs, nous facturons des frais logistiques de dix dollars par fourniture médicale. Il s’agit d’un prix moyen puisque nous classons les hôpitaux selon différents plans de service. Les clients privilégiés des régions riches subventionnent les hôpitaux qui desservent les communautés à faible revenu. Ces hôpitaux reçoivent les mêmes fournitures, mais avec moins de services supplémentaires et à un prix inférieur.

Recevez-vous des aides financières ou techniques extérieures ?

Temie : Oui ! Nous avons reçu de l’aide de la part d’institutions réputées telles que la Fondation Johnson & Johnson, la Fondation Skoll et Merck for Mothers.
 

patients aidés
OPPORTUNITÉS FUTURES

Quels sont vos projets pour les années à venir ?

Temie : nous venons de lancer une usine de production d’oxygène dans l’État de Nasarawa au Nigeria. Axée sur la technologie, cette usine agile garantit non seulement la production rapide d’oxygène pour les 29 millions d’habitants de l’État, mais a également permis de créer des emplois dans les communautés locales. Il y a quelques mois, nous avons également lancé une SmartBank au Kenya. SmartBank utilise des outils de la blockchain pour assurer le suivi du sang du donneur au receveur et améliorer ainsi la sécurité de la transfusion. Cette plateforme prévoit la demande de sang et fait en sorte de l’équilibrer avec l’offre.

Ayomide : nous aimerions atteindre tous les hôpitaux africains afin de nous assurer qu’ils disposent de tout ce dont ils ont besoin pour sauver des vies. Nous nous sommes étendus au Kenya l’année dernière et à l’Éthiopie cette année. Et nous continuerons à élargir notre champ d’action dans les années à venir. Nous souhaitons toucher quelque 200 millions d’habitants sur le continent.

De quoi avez-vous besoin pour concrétiser ces projets ?

Ayomide : nous devons combler les lacunes d’infrastructures, trouver des personnes disposant de la culture adéquate et collecter davantage de fonds. Plus nous recevrons de ressources financières et d’assistance technique, plus le nombre d’hôpitaux que nous pourrons aider sera important.
 

hôpitaux desservis
DIFFICULTÉS ET ENSEIGNEMENTS

Quelles difficultés LifeBank a-t-elle rencontrées ?

Temie : au moment de la création de l’entreprise, notre plus grande difficulté a été que les populations pauvres ne peuvent souvent pas s’offrir les fournitures que nous proposons. Nous avons résolu ce problème grâce aux subventions croisées et en créant la fondation BOAT qui recueille des dons auprès d’entreprises et d’individus. Maintenant que nous avons atteint une certaine ampleur, le manque d’infrastructures devient problématique. C’est ainsi que nous faisons appel à toutes sortes de véhicules (bateaux, camions, drones, etc.) pour livrer nos produits à temps et en bon état.

Qu’est-ce qui vous incite à continuer ?

Temie : le désir de sauver des vies. J’estime que personne ne devrait mourir parce qu’il n’a pas accès à des fournitures médicales ou parce qu’il ne peut pas se les payer. Lorsque nous rencontrons un obstacle, nous nous devons de le franchir pour les innombrables personnes qui ont besoin de nous.

Avez-vous des recommandations à fournir aux autres entreprises inclusives ?

Temie : cherchez des problèmes négligés qui peuvent être résolus au moyen de solutions innovantes et faites preuve de résilience tout au long de votre parcours.

man carrying medical supplies
Credentials

Les récits à impact sont produits par le réseau iBAN (Inclusive Business Action Network). Ils sont créés en étroite collaboration avec les entrepreneur·e·s et les équipes mentionné·e·s. La production de ce récit à impact a été dirigée par Susann Tischendorf (concept), Hong Anh Dao (vidéo), Katharina Münster (texte et infographies), Christopher Malapitan (illustrations) et Alexandra Harris (édition). La musique est libre de droits. Les photographies sont fournies par LifeBank.

Mise à jour : 07/2021.