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Nature's Nectar

Nature’s Nectar est une entreprise zambienne de production de miel. En utilisant des ruches modernes, elle réduit la déforestation, produit du miel de qualité et verse des prix avantageux aux agriculteur·rice·s. Alors que l’entretien des ruches est traditionnellement une occupation masculine en Zambie, la moitié des agriculteur·rice·s avec lesquel·le·s Nature’s Nectar travaille sont des femmes.

L’ÉQUIPE

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Katherine : je m’appelle Katherine Milling et je suis cofondatrice et PDG de Nature’s Nectar. En 2014, je suis venue en Zambie en tant que volontaire des Peace Corps. Fascinée par les abeilles et souhaitant aider les communautés locales, j’ai décidé de rester.

Davies : je m’appelle Davies Ilunga. Je travaille pour Nature’s Nectar en tant que responsable de terrain. Mon travail consiste à former et à superviser les apiculteur·rice·s et à appuyer la distribution de ruches.

agriculteurs et ruches
APPROCHE D’ENTREPRISE INCLUSIVE

Pouvez-vous également présenter Nature’s Nectar ?

Davies : fondée en 2018, Nature’s Nectar est une entreprise de production de miel durable. Nous travaillons dans la province du nord-ouest de la Zambie, autour du parc national de West Lunga. Nous principaux objectifs consistent à protéger les forêts et à fournir un revenu durable aux agriculteur·rice·s avec lesquel·le·s nous travaillons.

Katherine : traditionnellement, les agriculteur·rice·s zambien·ne·s construisent une ruche en écorçant un arbre. Cette opération était autrefois durable, mais la hausse de la demande de miel zambien l’a transformée en un danger pour les forêts. Nous avons donc remplacé les ruches traditionnelles par des ruches à barrettes supérieures kényanes, fabriquées en pin local. Elles nécessitent beaucoup moins de bois et elles durent dix fois plus longtemps que les ruches traditionnelles. Avec ces ruches, nous produisons du miel de bien meilleure qualité et nous pouvons verser un prix plus élevé aux agriculteur·rice·s.

À quoi ressemble votre modèle de production ?

Davies : chaque agriculteur·rice du système reçoit dix ruches. Nous offrons ensuite une formation intensive à des agriculteur·rice·s responsables de zone, qui sont choisi·e·s par leur réseau de collègues. Il·elle·s se forment au positionnement des ruches, à leur nettoyage et à la récolte. Il·elle·s sont ensuite chargé·e·s de gérer et de récolter le miel des ruches de leur zone. Cette formation est un gage de qualité et évite que les agriculteur·rice·s ne vendent leur miel en parallèle.
 

Davies
Impact

Combien d’agriculteur·rice·s votre système compte-t-il ?

Katherine : actuellement (mars 2021), nous travaillons avec 800 agriculteur·rice·s. D’ici la fin de l’année, nous allons intégrer 1 000 agriculteur·rice·s supplémentaires dans le modèle.

Davies : lorsque nous avons démarré en 2018, nous ne travaillions qu’avec 200 agriculteur·rice·s et 2 000 ruches.

Quelle est l’ampleur de la hausse de revenus pour ces agriculteur·rice·s ?

Katherine : nous travaillons avec des agriculteur·rice·s de subsistance qui gagnent entre 200 et 250 USD par an. Avec Nature’s Nectar, il·elle·s peuvent augmenter leurs revenus de 20 % à 30 %. Dans notre modèle, l’apiculture ne requiert pas beaucoup de main-d’œuvre, ce qui signifie qu’il·elle·s n’ont pas besoin de limiter leurs autres activités.

Utilisez-vous aussi des agricultrices ?

Davies : Nature’s Nectar promeut l’égalité des chances. La moitié de nos agriculteur·rice·s sont des femmes. C’est important, car l’apiculture est traditionnellement une occupation masculine en Zambie.

Katherine : notre modèle est plus inclusif que l’apiculture traditionnelle, car les femmes n’ont pas besoin de grimper aux arbres ou de passer des journées entières dans les champs. Les ruches sont suspendues et récoltées par les agriculteur·rice·s responsables de zone. Même si nous avons fait face à quelque inquiétudes initiales au sujet des apicultrices, elles sont maintenant bien acceptées.

Comment mesurez-vous l’impact que vous avez ?

Katherine : nous utilisons un système de suivi des données pour garantir la traçabilité totale de notre miel et mesurer notre impact. Chaque ruche est localisée par GPS et affectée à un·e agriculteur·rice dans notre système. Lorsque nous commençons à travailler avec l’agriculteur·rice, nous menons une rapide enquête de base pour comprendre sa situation. Nous pouvons ensuite savoir quelle quantité de miel nous récoltons dans ses ruches et combien nous lui versons pour chaque saison de récolte.
 

hausse de revenu
MODÈLE D’AFFAIRES INCLUSIF

Comment votre modèle fonctionne-t-il financièrement ?

Katherine : les ruches rapportent bien, mais elles nécessitent un investissement initial important. Chaque ruche coûte 25 USD, sans la logistique. Pour les financer, nous nous associons à des organisations de conservation. Celles-ci financent les ruches et nous servons de partenaires de subsistance pour garantir un marché pour le miel. Les agriculteur·rice·s eux·elles-mêmes paient dix dollars pour être intégré·e·s au programme et reçoivent dix ruches.

Quel type de marché touchez-vous ?

Katherine : nous produisons actuellement du miel provenant de ruches à barrettes supérieures pour l’exportation en gros, principalement vers l’Afrique du Sud. Cette année, nous voulons commencer à exporter vers l’Union européenne, qui importe environ 160 000 tonnes de miel chaque année. En réaction à la fermeture des frontières liée au COVID-19, nous avons également commencé à développer le marché intérieur. Notre objectif ultime est de toucher un segment de marché qui est prêt à payer un prix encore plus élevé.

Comment votre chiffre d’affaires annuel a-t-il évolué ces dernières années ?

Katherine : Nature’s Nectar a été rentable en 2018 et en 2019. La première année, nous avons enregistré un chiffre d’affaires de 100 000 USD, qui a doublé en 2019. L’année 2020 a été difficile pour nous, entre un partenaire qui a quitté l’entreprise et l’arrivée du COVID-19 et des restrictions à l’exportation. Notre chiffre d’affaires a baissé pour s’établir à 40 000 USD. Cette année, nous ciblons 400 000 à 500 000 USD.
 

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OPPORTUNITÉS FUTURES

Quels sont vos projets pour les années à venir ?

Katherine : notre objectif est d’atteindre 5 000 agriculteur·rice·s sur les quatre prochaines années. Avec 50 000 ruches, nous pourrions produire 400 à 500 tonnes de miel chaque année, ce qui rapporterait plus de 200 000 dollars aux agriculteur·rice·s avec lesquel·le·s nous travaillons.

Davies : nous voulons que Nature’s Nectar se développe beaucoup pour aider un plus grand nombre de communautés variées à protéger leurs forêts et à générer des revenus à long terme.

De quoi avez-vous besoin pour concrétiser ces projets ?

Katherine : de plus de ruches ! Nous sommes prêts et nous cherchons à nous étendre en Zambie avec différents types de partenaires. L’apiculture a fait l’objet d’une attention accrue ces derniers temps de la part du gouvernement zambien et des agences internationales. Je pense donc qu’il existe un potentiel important de nouveaux partenariats et que nous sommes prêts à nous y associer.
 

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DIFFICULTÉS ET ENSEIGNEMENTS

Quelles difficultés Nature’s Nectar a-t-elle surmontées ?

Katherine : nous sommes à la recherche de capital de croissance depuis un an et demi. Par deux fois, la structure de la transaction a brusquement changé avant que nous ayons pu signer les documents. C’est épuisant, mais cela nous a appris que nous ne sommes pas prêts à faire de compromis sur certaines choses. Notre solide équipe de conseiller·ère·s et notre conseil d’administration ont été d’une grande aide à ce niveau. En outre, nous avons du devenir très flexibles au niveau de la logistique dans ces zones rurales. Peu importe que nous ayons une réunion prévue depuis un mois, si un enterrement a lieu dans la région, ce sera l’enterrement et pas la réunion.

Quelles recommandations pourriez-vous apporter à d’autres entrepreneur·e·s ?

Katherine : soyez vous-même, restez fidèle à votre mission et trouvez des gens pour vous soutenir. Trouvez des mentors. Il est aussi préférable d’éviter de se développer trop vite. Nous avons adopté une approche lente pour nous assurer que notre système était bien en place avant de commencer à voir plus grand.

Que voulez-vous ajouter ?

Katherine : nous ne serions rien sans notre équipe : nos collaborateur·rice·s et l’ensemble des chefs communautaires des zones dans lesquelles nous travaillons. Il·elle·s jouent un rôle crucial dans notre réussite.
 

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Credentials

Les récits à impact sont produits par le réseau iBAN (Inclusive Business Action Network). Ils sont créés en étroite collaboration avec les entrepreneur·e·s et les équipes mentionné·e·s. La production de ce récit à impact a été dirigée par Susann Tischendorf (concept), Sara Karnas (vidéo), Katharina Münster (texte et infographies), Christopher Malapitan (illustrations) et Alexandra Harris (édition). La musique est libre de droits. Les photographies sont fournies par Nature's Nectar.

Mise à jour : 06/2021.