Argent mobile dans les marchés émergents : facteur d’inclusion financière

Échelle, partenariats et innovation : clés de l’argent mobile

Mobile money in emerging markets

• 20 pages • McKinsey & Company

Meeting the mobile money needs of the unbanked in emerging markets is a vast opportunity. However, firms seeking to tap the mobile money opportunity are faced with a landscape of unknowns. How will the mobile money value chain work in practice? What do we know about consumer behavior? To answer some of these questions, and understand how digital payments providers can capture the opportunities while benefiting those without access to financial services, this report looks at the actual financial data of a sample of mobile money providers, all on a blinded basis. 

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L’argent mobile a largement modifié la manière dont les individus effectuent leurs transactions financières quelles qu’elles soient. La réussite des fournisseurs d’argent mobile dans le monde entier atteste non seulement de la viabilité et de la rentabilité de ce concept en tant qu’activité commerciale, mais aussi de sa valeur pour les clients, particulièrement pour les populations en grande partie non bancarisées des pays émergents. Cette étude montre que, pour réussir, les fournisseurs existants et futurs doivent garder à l’esprit les éléments suivants :

  • Pour être rentables, les fournisseurs d’argent mobile doivent atteindre une certaine échelle et être prêts à réaliser des investissements significatifs à long terme. Les données provenant des fournisseurs existants montrent que le point d’équilibre est atteint entre 2 milliards et 3 milliards d’USD de valeur transactionnelle annuelle, ce qui correspond à environ 20 millions à 30 millions d’USD de chiffre d’affaires total. La mise en place et l’entretien de la structure informatique et du personnel chargé du réseau ainsi que les coûts des biens immobiliers nécessitent des investissements fixes significatifs qui ne diminuent qu’une fois le point d’équilibre atteint. Les fournisseurs doivent être prêts à investir beaucoup et à des horizons lointains : atteindre les clients les plus défavorisés peut entraîner des coûts d’infrastructure et de marketing plus élevés. Ce facteur peut être particulièrement contraignant pour les petits fournisseurs qui risquent de devoir dépenser plus du double de ce qu’ils gagnent pour être compétitifs.
  • Assurer la pérennité d’un système d’argent mobile exige des capacités variées et difficiles à acquérir. Pour réussir dans le secteur de l’argent mobile, il faut disposer de compétences en marketing et distribution, en gestion d’une force de vente, en entretien des systèmes, en analyse, en développement rapide de produits et en intermédiation financière, compétences qu’aucun fournisseur ne possède à lui seul. Pour bâtir un système d’argent mobile rentable et dynamique, il est donc indispensable de créer des partenariats innovants entre des opérateurs de réseaux mobiles, des banques, des sociétés informatiques et des fournisseurs d’accès à Internet.
  • Les prestataires à succès regardent vers l’avenir et se tiennent en permanence informés de l’évolution des leviers de l’argent mobile. Pour rester devant la concurrence, ils recherchent continuellement de nouveaux moyens innovants de proposer leurs produits et services financiers, ainsi que des flux de recettes annexes. L’argent mobile ouvre de nouvelles possibilités aux fournisseurs d’améliorer les modèles d’affaires existants et d’en développer de nouveaux en dehors des paiements numériques standard (services financiers basés sur les données, micropaiements et nouveaux modèles économiques de partage tels que le covoiturage ou la mise en correspondance des distributeurs et des vendeurs).

Un nombre croissant d’entreprises cherchent à exploiter le marché de l’argent mobile, qui offre à la fois des possibilités commerciales significatives et un tremplin vers une inclusion financière accrue pour de nombreux ménages et petites entreprises. L’étude souligne le nombre important de clients potentiels dans les pays émergents (2 milliards de personnes et 200 millions de petites entreprises) qui n’ont pas accès à l’épargne et au crédit formels, et estime que les fournisseurs d’argent numérique pourraient tirer pas moins de 4,2 billions d’USD de revenus combinés de ce marché.

L’étude de McKinsey met en lumière trois facteurs de réussite pour les systèmes d’argent mobile : échelle, partenariats et innovation. L’échelle est un facteur clé pour déverrouiller la rentabilité de tout système d’argent mobile. Les systèmes de paiement ne commencent à réaliser des profits significatifs qu’une fois que le réseau est en place et suffisamment développé pour permettre de réduire les coûts marginaux, particulièrement au niveau de la vente et du marketing, de l’acquisition et de la gestion d’agents et de la distribution d’argent liquide. Les fournisseurs potentiels doivent aimer le risque et être prêts à investir largement au départ pour garantir leur croissance à long terme et gagner des parts de marché. Ceux qui réussissent n’hésitent pas à utiliser leurs propres ressources, à trouver des investisseurs à long terme ou à chercher des partenaires. Il est possible pour un fournisseur d’argent mobile de développer en interne les diverses compétences requises pour gérer et développer les systèmes d’argent mobile (développement des systèmes, prototypage des produits/services, marketing, distribution, intermédiation financière, etc.), mais l’idéal, à long terme, est de s’associer à des acteurs existants (banques, opérateurs de réseaux d’agents, fournisseurs d’accès à Internet). Pour illustrer les stratégies et partenariats réussis, l’étude cite différents cas de partenariats entre banques et opérateurs de réseaux mobiles et le cas d’un acteur établi du monde de l’Internet qui a acquis un réseau de distribution d’argent.

En dehors des services de dépôt et de retrait d’argent, qui sont les plus rentables pour les fournisseurs d’argent mobile, les flux de recettes annexes provenant de nouveaux services financiers restent largement inexploités. Les fournisseurs existants et potentiels se doivent d’étudier différents modèles d’affaires éloignés des paiements numériques standard, par exemple, l’utilisation des ensembles de données générées par les transactions numériques pour déterminer les besoins des clients et évaluer leur risque de crédit, l’utilisation de technologies mobiles pour contrôler et faciliter le paiement des prêts, les services de micropaiement pour les PME et les clients individuels et les modèles de commerce électronique comme les marchés en ligne et le covoiturage.

Le monde devenant de plus en plus interconnecté, l’argent mobile va continuer à évoluer et à prospérer pour servir un nombre croissant de personnes. Au final, la capacité des fournisseurs à déployer de meilleurs services d’argent mobile et de nouveaux produits annexes dépendra de leur volonté d’élargir leur activité de base, de leur capacité à s’associer à d’autres acteurs du secteur et de leur capacité à garantir l’accessibilité et le caractère abordable de leurs produits et services en dépit des contraintes réglementaires.