Comment soutenir l’Inclusive Business en Afrique ?
Cette année, CARE France a publié un livre blanc sur l’Inclusive Business. Ce livret est issu du projet AFIDBA coordonné par notre partenaire Bond'innov qui a accompagné pendant trois ans plus de 60 entreprises inclusives dans quatre pays africains. Forts de cette expérience, nous avons rédigé ce livret pour soutenir les entrepreneurs dans leur démarche inclusive mais aussi pour informer les financeurs et les entreprises multinationales des différentes opportunités qu'apporte ce nouveau type d’entrepreneuriat.
Initié en 2019 et financé à hauteur de deux millions d'euros par l'Agence française de développement (AFD), le programme AFD for Inclusive & Digital Business in Africa (AFIDBA) a identifié, accompagné et financé l'accélération de 61 entreprises inclusives. Ce soutien a pris la forme de trois activités principales : le renforcement des capacités des incubateurs et des entrepreneurs, l'accélération des initiatives entrepreneuriales et la sensibilisation aux enjeux contemporains. Chaque start-up a également bénéficié d'un soutien financier d'acteurs privés et publics allant de 5 000 à 15 000 euros.
En nous appuyant sur ce programme et en collaborant avec des entrepreneurs, des incubateurs, des scientifiques et des experts, nous avons pu rédiger un livre blanc sur l’Inclusive Business afin de diffuser nos conseils, nos meilleures pratiques et nos recommandations à tous les acteurs intrigués par l’Inclusive Business.
Des outils pour les entreprises inclusives
Nous avons rédigé le livre blanc sur l’Inclusive Business afin de fournir aux entrepreneurs des outils et des bonnes pratiques pour rendre leur entreprise plus inclusive.
Cela se traduit, par exemple, par une liste restreinte de six méthodologies et outils permettant de mesurer l'impact social de son entreprise. Comme le dit l'adage, "ce qui est mesuré est fait" - "... de manière inclusive", pourrions-nous ajouter. Un entrepreneur d'AFIDBA explique : "Nous savons que notre entreprise a un impact sur la vie des populations concernées par notre activité. Mais nous devons être en mesure de le démontrer, et pour cela, nous avons besoin de soutien". Ce soutien prend la forme de données qualitatives et quantitatives : La mesure de l'impact permet d'améliorer la résilience et l'inclusion des entreprises. En outre, il s'agit également d'un tableau de bord pour la prise de décision et d'un outil pour les investisseurs.
Nous recommandons également l'utilisation des technologies numériques, qui peuvent constituer un atout pour les entrepreneurs et les populations vulnérables en Afrique. Les paiements numériques, par exemple, peuvent favoriser l'inclusion financière des communautés vulnérables, tandis que l'éducation en ligne peut renforcer l'autonomie des jeunes.
Par exemple, Aissatou Sall, une entrepreneuse d'AFIDBA, a développé l'agence de communication sociale et solidaire VideoPositive. L'entreprise favorise l'accès numérique aux informations vitales. Partant du principe que la connaissance augmente la capacité d'action de chacun, elle distribue et crée des contenus vidéo éducatifs accessibles aux populations vulnérables. Une vidéo, par exemple, explique les droits des femmes enceintes sur le lieu de travail. Aujourd'hui, la communauté VideoPositive compte plus de 6000 membres, 15 organisations clientes et 70 vidéos !
De plus, la digitalisation peut être une opportunité pour faciliter les tâches de gestion des ressources. La société Built (du programme AFIDBA), par exemple, propose une application pour aider les entreprises à améliorer la tenue de leurs registres et à obtenir des crédits.
La question du genre est également centrale, et nous recommandons de l'intégrer dans les modèles entrepreneuriaux afin de ne pas exclure les femmes. Dans ce sens, nous présentons les bonnes pratiques testées par les entrepreneurs du programme AFIDBA. Il s'agit notamment de la mise en place d'une stratégie de genre au sein de l'entreprise ou de la sensibilisation et de l'engagement des communautés, plus particulièrement des hommes et des garçons, sur les questions de genre.
25 recommandations pour l'écosystème de l’Inclusive Business
L'un de nos principaux objectifs avec ce livre blanc était de parvenir à une définition commune de l'entreprise inclusive. Nous l'avons traduite en une liste de neuf caractéristiques nécessaires pour identifier les entreprises actives dans ce domaine ou pour guider celles qui souhaitent s'en rapprocher (voir image 1).
Nous identifions également les principaux défis et opportunités pour chaque acteur de l'écosystème (États, entrepreneurs, financeurs et incubateurs) afin de proposer 25 recommandations concrètes et ciblées pour promouvoir l'entrepreneuriat inclusif. Nous avons consulté les acteurs de l'entrepreneuriat inclusif pour identifier quatre besoins clés : comment inciter, informer, investir et mettre en œuvre ? C’est à cela que nos recommandations doivent répondre. Notre recommandation centrale est de donner plus de visibilité à l'entrepreneuriat inclusif et social en diffusant le sujet, en le rendant explicite et en lui donnant un cadre avec, par exemple, l'adaptation des outils de financement pour cette forme d'entreprise. En un mot, nous devons créer un mouvement mondial en faveur de l'entrepreneuriat inclusif.
Un livre blanc participatif testé par l'expérience de terrain
Il était important pour CARE de rédiger ce livret en coopération avec la communauté de l'entrepreneuriat inclusif. Il est basé sur 250 revues de littérature et quelques 70 entretiens avec des chercheurs, des praticiens et des entrepreneurs. En outre, il s'appuie sur les conclusions de 9 tables rondes organisées pendant le projet et sur des évaluations qualitatives et quantitatives du programme AFIDBA.
Sur le terrain, AFIDBA a accompagné 61 start-ups (voir image 2), sélectionnées parmi 944 candidats, pendant six mois à travers des programmes d'accélération et d'incubation. Le livre blanc s'appuie sur les expériences, les outils et les bonnes pratiques tirés de ce programme.
Nous pensons que ce livre blanc peut soutenir l'émergence - en Afrique et dans le reste du monde - d'un écosystème d'entrepreneuriat inclusif viable, dynamique et durable. Comme l'a dit Fatou Mourate Sar, fondatrice de l'entreprise sociale Murafa, "L'entreprise inclusive est décrite comme un nouveau marché, mais en fait, il s'agit d'un continuum. L’Inclusive Business n'est pas un modèle alternatif, c'est plutôt l'avenir du business."